Saisir l’instant présent en image, attraper les meilleurs moments en photos, le but est de créer de l’émotion, telles sont les missions d’un bon photographe. Je vous partage mon retour d’expérience en photographie d’automobile. Le championnat WRC est aussi un exercice assez complexe et difficile pour réaliser les meilleurs clichés. Entre poussières, vitesse et chaleur, le rallye de catalogne fût mon terrain de jeu pour vous présenter mes meilleurs clichés.
Derrière les images du championnat du monde des rallyes…
Lorsque l’on s’intéresse à un sport, et plus particulièrement ici à un sport automobile, il est souvent vécu (aussi) par procuration via la presse. Dans un monde où l’information est abondante et quasi instantanée, les journalistes doivent se montrer de plus en plus efficaces et organisés afin de faire parvenir au plus vite les news à leur média, de façon à rassasier les fans toujours plus impatients de suivre les aventures de leurs idoles en images.
Loin d’être un long fleuve tranquille, et bien que préparées, les journées sont souvent parsemées d’imprévus et de contre-temps qui peuvent faire grimper le « stressmomètre ».
La journée du photographe en WRC :
Le compte à rebours quotidien s’enclenche souvent tôt le matin avec l’établissement du plan de la journée préparé la veille (spots photos, horaires des spéciales, temps de trajet, retour au parc d’assistance , travail des images et envoi de celles-ci…). Bref, un challenge minuté , un défi journalier à relever tant que faire se peut avec une constante impitoyable, le TEMPS .
Si le choix des spots photo est fixé la veille, le boulot n’en est pas fait pour autant. Encore faut-il pouvoir y accéder en temps et en heure, le trafic est généralement dense lors de ces épreuves et il faut composer avec. Heureusement, le parking spécialement réservé à la presse aux abords des spéciales nous facilite l’accès. Une fois le « matos » sur le dos, l’heure est venue de se frayer un chemin jusqu’à l’endroit tant désiré en toute sécurité et ce n’est jamais gagné d’avance, croyez-moi. Le compromis idéal entre sécurité et point de vue recherché n’est pas chose aisée à trouver.
L’attente pour la plus belle prise photo
Maintenant accroché à notre pan de montagne, planté dans un champ ou en équilibre sur un tronc, il faut préparer sa prise de vue, choisir le réglage voulu qui induira l’émotion à faire ressortir du passage choisi. Composition avec le paysage, fans en bords de piste, un élément particulier du décor ? Privilégier l’action du bolide ? C’est là que la touche personnelle se dévoile. Varier les angles en se déplaçant de quelques mètres ou changer d’optique est un bon moyen de travailler sa créativité, révélant des images aux cadrages jusqu’alors in-envisagés.
Les cadors se succèdent, il nous faut attendre le dernier client ayant fait appel à nos soins et c’est le moment de lever l’ancre. Sortir de la spéciale en cours d’exécution est dangereux, il faut redoubler de vigilance et préférer une issue sûre et éloignée de la route. Le temps de « jeter » les appareils à l’arrière de la voiture puis de se dépoussiérer et nous prenons la route direction l’épreuve spéciale suivante en s’adjugeant tout de même une petite pause casse-croûte.
Arrivé à destination : même topo , avec poussière ou gravillons en guise de dessert, bien que la distance parcourue à pied jusqu’au point de chute aura entamé la digestion. La mission est identique mais le procédé pour la réaliser est souvent mis à rude épreuve. Incompréhension avec le service d’ordre, timing serré, placement compliqué, terrain difficile à arpenter, faire que tout le monde ait de la place et ne se gêne pas.
Bingo, tout est dans la boîte !
Le milieu de l’après-midi approche, il faut décamper une fois tout le monde mis en boîte, rejoindre le parc d’assistance au plus vite malgré une circulation désastreuse ; une ou deux heures de route sont parfois nécessaires pour y parvenir. Nous profitons des temps de regroupement ou d’assistance pour effectuer portraits et images d’ambiances lors des réparations sur les véhicules .C’est là que nous captons le plus d’émotions, les sentiments et expressions diverses se succèdent : joie, frustration, fatigue et plaisanteries entre pilotes. Les efforts des mécanos sont également source d’inspiration, ce qu’ils accomplissent est remarquable, chaque journée est un challenge pour ces hommes de l’ombre.
Post traitement, les galères commencent
Le temps de prendre une collation et nous sautons sur nos ordinateurs, la course contre la montre s’achève bientôt mais il reste le principal : trier, traiter et envoyer les images aux médias. À ce stade, nous pourrions croire qu’il est temps de souffler, mais il reste quand même un détail et pas des moindres : préparer la journée du lendemain avant de confier nos âmes à Morphée.
Le cycle se répétera autant de fois qu’il y a de journées de courses, fatiguant mais vecteur d’adrénaline, c’est un métier riche en émotion qui nous permet de partager des moments privilégiés avec les pilotes et nous laisse à coup sûr des souvenirs inoubliables.