Un design percutant
À l’aube de son centenaire, Mazda rentre dans une nouvelle ère. Viscéralement attachée au moteur thermique et à son identité stylistique unique, la firme nippone amorce avec la quatrième génération de Mazda 3 son renouvellement…
Depuis plusieurs années, Mazda a composé sa gamme autour d’une vision : le Kodo Design. Derrière ce terme, une véritable recherche de la pureté dans la réalisation du dessin de chaque modèle, à commencer par l’emblématique MX-5. Avec la nouvelle 3, les équipes de design du constructeur sont parties du concept-car Mazda Vision de 2015.
La compacte jette un pavé dans la marre, et dès le premier regard, elle déroute, clive et met les sens en éveil. Je dois avouer avoir été assez mitigé lors de son annonce au dernier salon de Los Angeles en novembre 2018. Avec son long capot et son profil 3/4 arrière massif, elle manquait d’homogénéité à mon goût.
Après avoir passé plusieurs jours à ses côtés à l’admirer « en vrai », ce premier jugement s’est envolé et le charme a opéré. Cette Mazda 3 dégage une prestance et un charisme assez remarquables. Elle impose littéralement sur la route, avec un capot plongeant, une bouche béante avalant tout sur son passage, et une signature lumineuse agressive. La superbe teinture signature de Mazda, le Crystal Soul Red, renforce la personnalité d’une véritable voiture de designers, tout droit sortie d’un croquis.
À peine sortie, elle a d’ailleurs déjà remporté plusieurs grands prix de design, dont le prestigieux Red Dot Design Award. Une reconnaissance que la MX-5 de quatrième génération avait également reçu lors de sa sortie en 2015.
Certains lui trouveront des airs d’Alfa Romeo, et il est vrai que son fessier très latin et ses lignes tendues peuvent rappeler la Giulietta. Pour le reste, elle jouit d’une personnalité bien à elle et joue à merveille le nouveau rôle de porte-étendard de la gamme Mazda. Un rayonnement et une aura qui font du bien dans un segment un peu ennuyant trusté par la banalité des VW Golf et la Peugeot 308.
La Mazda 3 est une bouffée d’oxygène dans une tendance croissante à la monotonie stylistique. Ni fioritures, ni fausses entrées d’air, ni appendices inutiles, ça fait du bien…
Un cocon premium
À bord, l’opération-séduction continue. L’approche stylistique toute en pureté se retrouve dans la présentation de la planche de bord. Le dessin est aussi déroutant que plaisant (cela change des sempiternelles grilles d’aérations horizontales avec l’écran en-dessous), et le soin apporté aux finitions ainsi que le choix des matériaux sont de qualité. Les assemblages sont exemplaires et tout apparait extrêmement qualitatif : de la pression sur chaque bouton qui provoque une agréable sensation de solidité au bruit sourd des portes qui se ferment, en passant par l’odeur du cuir pleine fleur.
On sent une réelle montée en gamme lorsqu’on pénètre à bord de la Mazda 3, avec cette planche de bord garnie d’un cuir de qualité et de plastique moussé. Des inserts en aluminium et l’emploi de noir laqué renforcent ce sentiment que la compacte nippone s’immisce dans le premium. Seuls les fauteuils en tissus sans travail de style particulier de notre finition Sportline font un peu tâche dans ce bel intérieur.
Ce cocon haut-de-gamme est également bien pensé. Pour le conducteur, déjà, qui bénéficie d’une ergonomie remarquable… On ne se perd pas dans un dédale d’écrans derrière le volant, seul le compteur central est entièrement personnalisable et avec juste ce qu’il faut comme informations. En plus d’être joliment intégré, l’écran multimédia horizontal de 8,8 pouces est orienté vers le conducteur et propose un affichage de très bonne qualité.
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Le MZD Connect de 2e génération qu’il embarque offre une interface soignée avec des menus clairs et Apple CarPlay/Android Auto, un système multimédia appréciable à utiliser avec la molette puisqu’il est dénué d’écran tactile. Pas d’écrans à outrance et de lumière à tout va comme dans la dernière Mercedes Classe A, la Mazda 3 propose un expérience efficace, sans fioriture ni exubérance.
À vivre : quand le design dicte ses règles
C’était à craindre en apercevant sa ligne si particulière… Les choix de design donnant naissance à cette ligne unique ont un impact direct sur la vie à bord.
Côté rangements, rien à signaler. Au contraire même, la compacte est plutôt bien dotée de ce coté-là avec de profonds bacs dans les seuils de porte, des espaces bien fichus au pied de la planche de bord, un grand rangement sous l’accoudoir et une poche aumônière à l’arrière.
Côté habitabilité, ça se corse un peu. On est excellemment bien installé à l’avant dans les fauteuils moelleux, un peu moins à l’arrière où la garde au toit est limitée et le sentiment de confinement relativement présent. La forme particulière des vitres réduit la luminosité aux places arrières et nuit à la visibilité des occupants les moins grands. La place aux jambes est toutefois correcte et l’assise confortable pour cinq personnes.
Côté coffre, c’est là que le bas blesse. Le faible porte-à-faux arrière et la forme du hayon, réduisent drastiquement l’espace de chargement à 334 L (1028 L banquette rabattue), l’un des volumes les plus bas de la catégorie. L’accès au coffre est lui relativement haut et donc peu pratique.
Mazda a choisi de privilégier le style au volume de chargement, un choix purement assumé et compréhensible puisque la gamme du constructeur s’est enrichi d’un SUV plus familial sur base de Mazda 3 pour ceux qui chercheraient avant tout le côté pratique : le CX-30.
Sous le capot : le calme avant la tempête
La Mazda 3 a été conçue pour accueillir la nouvelle génération de moteur essence du constructeur nippon nommée SkyActiv-X, dont la sortie est prévue à l’automne. Fort de 181 chevaux, il proposera un couple équivalent à un moteur diesel avec l’agrément d’un moteur essence et des consommations amoindries de 1 litre par rapport à l’actuelle bloc essence. Intéressant.
Aujourd’hui, on ne compte que deux moteurs au programme : un diesel de 116 chevaux principalement là pour les clients professionnels, et un essence de 122 chevaux accompagné d’une micro-hybridation. C’est en toute logique avec ce dernier que nous sommes partis sur les routes de Champagne.
Mazda, c’est avant tout des motoristes talentueux qui, depuis plusieurs années, résistent encore et toujours à l’invasion des blocs anémiques suralimentés sur le marché. La 3 intègre le 2.0 L SkyActiv-G déjà présent sur la précédente génération et sur d’autres modèles de la gamme. Il a toutefois été retravaillé pour l’occasion et accueille désormais une micro-hybridation via une batterie de 24 volts.
Concrètement, le moteur électrique vient épauler le moteur thermique pour minimiser les consommations : le sytème récupère l’énergie au freinage et à la décélération pour la transformer en énergie dans la batterie. Cette dernière alimente ensuite les fonctions de confort de la voiture (comme l’air conditionné) et assiste le moteur thermique au démarrage et en relance. De quoi économiser quelques litres de carburant et surtout réduire les émissions de CO2.
Dans les faits, ce bloc atmosphérique de 122 ch est assez déroutant lorsqu’on est habitué à retrouver à bord de compactes équipées de moteurs 1.2 L ou 1.6 L suralimentés et un poil ennuyants. Pourtant, il en devient vite très attachant… Souple et tout en rondeur en bas du compteur, il prend vie au fil des tours. Un vrai atmo’ comme je l’aime, une petite pépite dans l’offre actuelle sur ce segment.
Il parait anémique et sans caractère aux premiers kilomètres, mais démontre tout son intérêt avec la boite de vitesse manuelle qui l’accompagne. Elle offre un guidage idéal avec de bons verrouillages de rapports, rappelant furieusement ce que l’on peut trouver sur une autre référence de la gamme… la MX-5. Atmosphérique oblige, les rapports sont plutôt longs, mais la souplesse du 2.0 L permet de ne pas avoir à cravacher le moteur pour relancer. Opter pour une boite automatique serait sûrement la dernière chose à faire sur cette auto’ tant la méca’ est plaisante à manier.
Même s’il ne rechigne pas à atteindre 7000 tr./min., on lui préférera sa rondeur à 3000 tr./min. pour cruiser dans un silence de cathédrale à des consommations très mesurées. Côté perf’, avec un 0-100 en 10,4 sec., il ne faut de toute façon pas chercher de la performance.
Mazda sait optimiser ses moteurs et nous le démontre une fois de plus : 6,5 L / 100 km en conduite mixte sans trop chercher à économiser, et jamais plus de 8,0 L / 100 km en conduite sportive. Un score remarquable, qui prouve que la solution du moteur atmosphérique et de la micro-hybridation n’est pas un mauvais pari.
Sur la route : « zénitude » absolue
Cette douceur mécanique sied parfaitement à une compacte élaborée pour être agréable quelque soit les situations.
Sur autoroute, elle permet d’enchainer les kilomètres dans un confort digne d’une routière. L’insonorisation est remarquable et les aides à la conduite actives et passives pullulent, permettant de laisser la voiture gérer à peu près tout pour vous : maintien actif dans la voie, régulateur de vitesse adaptatif en fonction de la circulation et de la limite de vitesse, surveillance de somnolence, feux de route automatiques, lecture des panneaux, et encore beaucoup d’autres…
Côté confort, Mazda a également tout prévu pour que les kilomètres passent sans encombre : le système HiFi Bose à 12 haut-parleurs est excellent, et le volant chauffant prend soin de nos petites mains.
Sur route sinueuse, la compacte nous démontre un talent bien caché : un châssis affûté avec un comportement très sain. Et même si l’amortissement n’est pas piloté comme chez certaines concurrentes, il offre un excellent compromis avec un très bon maintien de caisse et un comportement général qui tend vers le dynamisme.
Pour finir en beauté, la direction offre une belle consistance et la position de conduite relativement basse est idéale : on fait corps avec une voiture qui offre les meilleures sensations du segment, sans même avoir besoin d’un mode « sport » pour cela. Vivement plus de gouache !
La Mazda 3 pèse 1270 kg, une masse contenue avec un châssis de qualité, deux éléments qui pourront supporter sans soucis plus de puissance, voire une version plus sportive… En attendant, on savoure ce sentiment de quiétude à bord avec cette mécanique raisonnable et onctueuse qui lui va à ravir.
Tarifs et concurrence : le premium en embuscade
Côté tarifs, la Mazda 3 débute à 24 100 € avec ce moteur essence de 122 ch. La gamme grand-public s’article autour de trois niveaux de finitions : Mazda 3 en entrée de gamme, Style pour le milieu de gamme et, pour le haut-de-gamme, deux déclinaisons : Sportline et Inspiration.
Notre modèle d’essai (Sportline) était lui affiché à 28 300 € avec comme seule option la sublime peinture Soul Red Crystal à 800 €. À ce tarif, la Mazda 3 se place dans la moyenne du segment des compactes généraliste à équipement équivalent (Peugeot 308 GT-Line PureTech 130 ch et VW Golf 1.5 TSI 130 R-Line). Elle se démarque toutefois par des prestations plus « haut-de-gamme » et plus qualitatives que ses deux rivales en fin de carrière.
La Mazda 3 affiche ainsi des tarifs de généraliste tout en offrant une dotation et des arguments réellement premiums. Un positionnement intelligent et vraiment intéressant.
Bilan : bien née
Avec moins de dix modèles dans sa gamme, Mazda soigne chacune de ses sorties. Plus qu’une sortie, la 3 cru 2020 avec son moteur SkyActiv-X pourrait être la voiture du centenaire pour la firme d’Hiroshima… Mécanique thermique novatrice, technologie embarquée de pointe, montée en gamme réelle et design entièrement nouveau : elle coche toutes les cases pour être à la base d’une nouvelle ère pour le constructeur.
En attendant l’arrivée de ce moteur, elle a d’ores-et-déjà toutes les armes pour rencontrer un succès qu’elle mérite sincèrement. Cette voiture gagne à être connue : elle a de quoi s’imposer comme une réelle actrice du marché, et plus simplement comme une « challengeuse » exotique. Elle procure un certain plaisir, même à l’arrêt, transmet de réelles émotions à son volant, et donne même le sentiment de rouler dans quelque chose de nouveau… Et rien que ça, c’est déjà une prouesse sur le segment. Bravo Mazda.
J’ai aimé
- Look décalé
- Ambiance à bord soignée
- Dotation technologique
- Sensations de conduite
- Consommations contenus
- Rapport prix/équipements
- Sensation de rouler décalé
J’ai moins aimé
- Habitabilité moyenne
- Volume du coffre limité
- Peu de choix de moteurs pour le moment
En chiffres
- Moteur essence : 2.0 SkyActiv-G atmosphérique 122 ch à 6000 tr./min.
- Micro-hybridation : batterie de 24 V
- Couple : 213 Nm à 4000 tr./min.
- Boite de vitesse : manuelle à 6 rapports
- Vitesse max. : 197 km/h
- Accélération : 0-100 en 10,4 sec.
- Consommations mixtes : 5,1 L / 100 km (6,5 L mesurées)
- Rejets de CO2 : 117 g
- Dimensions (L x l x h) : 4,46 x 1,80 x 1,43 m
- Poids : 1274 kg
- Coffre : 334 L / 1028 L
- Prix : à partir de 24 100 € (version essayée : 28 500 €)
- Malus : 35 €
- Garantie : 3 ans ou 100 000 km
8 commentaires
Je roule avec depuis plus d’un mois c’est un plaisir au quotidien ! Une vraie joie
Hello, merci pour votre commentaire. Content de voir que notre enthousiasme se retrouve aussi dans l’avis des premiers clients. Mazda a réussi son pari.
J’ai adoré lire cette ode à la Mazda 3. Tel fut mon ressenti lorsque, pour la première fois, je découvris, cette splendide voiture, qui déclencha immédiatement des émotions rarement vécus pour un véhicule. Quelle est belle, quelle ligne ! Sans aucun doute, la plus belle compacte du marché et cela depuis longtemps. La mienne en version Inspiration arrive dans 15 jours… Que le temps peut sembler parfois long !
C’est le plus long, cette attente juste avant la livraison de sa nouvelle voiture ! Surtout lorsqu’on sait que l’on va rouler dans une voiture aussi originale et forte en personnalité. Profitez bien de votre belle acquisition et donnez-nous votre ressenti de propriétaire après les premiers kilomètres.
Bonjour Victor, j’ai vraiment aimé votre enthousiasme et la passion ressentie a travers votre essai. Et franchement je trouve merveilleux de faire une telle ode a une voiture aussi particulière qui sent autant la passion, tant celle des ingénieurs que celle des designers, et des bons…Pour vous paraphraser, « Moi, j’adore »
En France on les critique presque par défaut, au point de ressortir que le négatif…
Vous êtes parmi les seuls a sortir du lot.
Aux Etats Unis, Australie, Mexique, la 3 est vraiment bien vendue et très appréciée, les critiques la situent parmi les 3 meilleures en concurrence avec les premium, alors qu’au Canada en AWD elle est considérée tout simplement la meilleure compacte du marché.
En France, a chaque fois qu’on évoque les 10 meilleures compactes du moment, elle est au mieux mal placée, sinon inexistante.
Je suis un peu comme vous, la 3 est vraiment l’unique compacte qui me rêver.
Je viens d’ailleurs de commander la 3 en skyactiv X exclusive BA… mais, la mort dans l’âme, en berline.
C’est une offense apportée a leur stylistes car c’est evident que pour Mazda, l’existence de la berline répond exclusivement a une nécessité de ventes et non pas a une passion…
Après avoir essayé la 5 portes, l’UNIQUE point négatif, mais un gros pour moi, m’a fait douter…l’ambiance a l’arrière…
Le pavillon de toit noir, l’absence de toit ouvrant apportant un peu de lumière et la ceinture de caisse (noire) remontant a l’infini a l’arrière – qui fait le charme a l’extérieur tout en tuant tout espoir de vie a l’intérieur….Quand on n’aime pas noir sur fond noir par une nuit sans lune, c’est une vrai bloquage. Ni même le splendide cuir rouge ne sauve l’ambiance a l’arriere.
On ne peut pas installer dans cette ambiance ni ses enfants ni a ses amis…
Mais a part ce « petit detail » je la trouve tellement bien que j’ai fait ce que je n’aurais imaginé un jour…acheter une compacte 3 volumes.
D’ailleurs je trouve qu’ils se sont pas trop mal débrouillés pour cette ingrate configuration, qui a toujours été pour moi la definition même de la laideur automobile…mais c’est la nouvelle Mazda 3, alors ca change tout.
Encore merci et une tres bonne continuation
Merci pour votre réponse complète et félicitations pour votre commande, Daniel. On essaiera le moteur SkyActiv-X sur le CX-30 dans quelques semaines, on a hâte de voir que ça donne…
Amusez-vous bien au volant de votre belle Mazda 3.
Bonjour Victor,
J’ai adoré votre essai. J’adore la 3, mais j’ai décidé d’acheter la CX-30. Plus de coffre et un mixte de berline et SUV. J’ai acheté le G 122cv, et je peux dire que le moteur est suffisant et la boite super. Je l’adore et en plus presque personne ne l’a.
J’ai une conduite plus cool et plus défensive, si je peux le dire, eu egard à mon autre Mazda, la 3 diesel de 2007.
Ça sera vous qui ferez l’essai du X? Je l’espère.
Bonne continuation.
Bonjour Filipe, merci pour votre retour et félicitations pour votre acquisition du CX-30. Je viens d’essayer ce dernier en SkyActiv-X (BVA), et l’article est à retrouver dès maintenant en page d’accueil du blog.