Le trèfle sur l’aile d’une Alfa Romeo est souvent la promesse d’une auto de caractère. Fidèle à sa lignée, la Giulia Quadrifoglio délivre sa puissance au service du plaisir de conduite. Comparée, mesurée depuis son lancement, elle se positionne parmi les meilleures berlines sportives de sa catégorie. Mais est-elle utilisable au quotidien, en famille ou bien est-elle vouée à ne sortir que rarement de son garage pour aller écumer quelques Track-Day ? C’est ce que j’ai voulu comprendre en l’utilisant tous les jours, en ville et sur route, avec au final une belle surprise.
Vidéo : Essai de l’Alfa Romeo Quadrifoglio, le plein d’émotion [Episode 1/2]
L’Alfa-Romeo Giulia Quadrifoglio en quelques chiffres :
- Dimensions : Long 4,64m – Larg 1,87m – Haut 1,43m – Coffre 480 Litres
- Poids : 1620 Kg
- Motorisation : V6 Bi-Turbo 2,9L 510cv / 600nm à 2500 tr/mn
- Performances : 0 à 100 km/h 3,9sec
- Consommation mixte constatée : 11 Litres / 100km
- Tarif : à partir de 88900 € + Malus 30000 (Co2 189g)
Premier constat : mais qu’elle est belle !
La Giulia ne vieillit pas, ses lignes affutées sont toujours aussi élégantes et racées. En examinant de plus près la Quadrifoglio c’est une multitude de détails qui rendent cette version plus que désirable. Des touches de carbone sont disséminées aux quatre coins de la voiture. Le plus gros morceau est sans doute le toit, certes en option, mais qui contraste parfaitement avec le bleu ‘Misano’ de la carrosserie.
Continuons par les rétroviseurs, les jupes, et sur la sublime face avant on remarquera la lame et le V de la calandre dans ce même matériau. Les ailes sont élargies, la voiture est bien assise sur le bitume, surtout avec ses jantes de 19 pouces qui remplissent bien les passages de roues. A l’arrière, hormis les nouveaux feux, on remarque bien sûr la présence d’un gros extracteur et d’un petit becquet carbone. Dans l’offre actuelle des berlines sportives, c’est pour moi la plus belle proposition, beaucoup moins massive que les allemandes, la Giulia distille en finesse la sportivité italienne.
Intérieur sans fioritures
S’installer à bord ne procure pas forcément le même effet ‘wahou’ que le premier contact extérieur. Certes le volant est nouveau, bien fini, tout comme la console centrale mais l’ensemble reste quasi identique à une version normale. Seuls quelques trèfles sur les volants et compteurs vous rappelleront le caractère sportif de l’auto. Les sièges électriques sont envelopants sans être tout à fait ‘baquet’, l’espace est bon à l’avant et derrière le volant de larges palettes en aluminium donnent un indice sur les possibilités dynamiques. La nouvelle ergonomie de l’ensemble numérique est agréable et ne nécessite pas un apprentissage trop long pour l’appréhender. La nouvelle console centrale est tapissée de carbone, tout comme les divers habillages de l’habitacle. La molette ‘DNA’ propose une option ‘Race’, à n’utiliser que sur circuit car cela désactive toutes les aides électroniques (le mode le plus sympa mais sur circuit uniquement). A l’arrière les sièges sont suffisants pour accueillir deux adultes et un puni au centre, d’autant plus que le tunnel de transmission est assez gros. Pour partir en week-end à quatre, le coffre de 480 Litres se révèle suffisant, et plutôt accessible. En fait, en terme d’habitabilité, la Quadrifoglio reste une Giulia, pas la plus grande du secteur, mais pas la plus petite également.
La belle enrouée
Sur le volant se trouve le petit bouton rouge de démarrage, une fois lancé le V6 émet un son grave mais pas trop présent. Je vais être franc la sonorité reste sobre, voire décevante, en mode ‘N’ ou ‘A’ (les plus sages). Les rapports sont gérés par la boite auto à 8 rapports, et les vocalises ne sont pas présentes. En conduite normale, l’électronique passe le rapport supérieur dès 2500 tours, cela réduit la consommation mais aussi le plaisir auditif. Pour faire chanter la diva, il faut jouer des palettes, et l’emmener dans les tours, si on combine cela avec le mode ‘D’, alors c’est une symphonie en 6 cylindres majeurs qui s’offre à vous. Le son est rauque, surtout avec l’option de pots Akra, et l’échappement titane, une fois chaud, émet un son encore plus brut. Malheureusement les routes ouvertes ne permettent pas de jouer longtemps, les 510cv ont une fâcheuse tendance à vous faire dépasser pas mal de limites, et parfois les vôtres !
Caractère réservé ou chaud bouillant
Cette Alfa Roméo est une voiture à deux visages, Bonnie and Clyde à la sauce italienne ! Pour la ville et la paix familiale, en mode ‘N’, la voiture est très souple, et même confortable. Ses montées en régime sont discrètes tout comme ses vocalises. Avec ses dimensions contenues on peut se garer facilement, elle s’accommode parfaitement de la circulation urbaine. Une fois sorti des agglomérations, les petites routes sont un terrain de jeu idéal pour tester le mode ‘D’ (Dynamic), tout en laissant l’électronique gérer la boite. Là encore on peut se surprendre à atteindre très rapidement les vitesses limites, mais le plaisir de conduite est bien plaisant, raisonnablement plaisant. Les montées en régimes sont plus fortes mais la boite est assez interventionniste, idéal pour chauffer moteur et freins avant de jouer avec les palettes. Le bonheur complet est au bout des doigts, juste derrière le volant, avec les deux belles palettes en alu. Tout d’abord il faut ‘tomber’ une à deux vitesses, emmener le bloc dans les tours, puis frôler la zone rouge avant chaque montée, c’est jubilatoire. Le son est démoniaque, l’Alfa exprime toute sa noblesse, les accélérations sont puissantes, le plaisir de conduite est incomparable, mama mia ! Côté châssis le poids contenu de la voiture (1560kg) lui donne une bonne agilité et une belle précision. En appuis, les suspensions ne s’écrasent pas et les mouvements de caisse sont parfaitement gérés par l’ensemble des trains roulant. Le train arrière se révèle assez joueur et pourra donner l’impression de quelques décrochage, rien de dangereux c’est voulu, ça fait partie du plaisir car l’électronique veille. Même si l’autoroute n’est pas l’endroit où elle s’exprime le mieux, la Giulia y propose toutes les aides modernes à la conduite (régulateur adaptatif, maintien dans la voie…), faisant des longs voyages un moment serein. Seul bémol le confort à l’arrière, l’assise des sièges trop dure demandera à faire des pauses régulières.
La plus pure des Alfa
Cette Giulia Quadrifoglio est une auto extrêmement attachante, pour un Alfiste comme moi, elle est la quintessence de ce que la marque peut proposer. C’est surtout la dernière du genre avant la naissance de Stellantis et il est quasi certain que les prochains modèles seront hybrides. Avec sa polyvalence et sont caractère affirmé, la belle italienne est déjà un collector, mais elle doit se mériter. Avec ses rejets de CO2 hors des limites moralement acceptables, c’est un maxi-malus qu’il faudra ajouter à son tarif pourtant ‘raisonnable’ (à partir de 88900€). Avec une consommation contenue de 11 Litres en moyenne, la Quadri pourra même devenir un Daily, mais pas n’importe lequel, celui qui vous donnera le sourire à chaque fois que vous ouvrirez la porte du garage, celui qui rendra vos enfants fiers quand vous irez les chercher à l’école, celui qui fera monter en vous des émotions de conduites incomparables, celui qui dira combien vous êtes une personne de goût ! Cette Alfa est plus qu’une auto, elle est l’âme de cette grande marque, celle que l’on montrera dans 20 ans en expliquant : voilà ce que c’était une vraie Alfa-Roméo…
J’ai aimé :
- Beauté fatale
- Beauté fatale
- Beauté fatale
J’ai moins aimé :
- Quelques finitions intérieures perfectionables
- Confort arrière trop ferme
- Malus délirant