Il y a quelques mois, sur les routes de la Côte d’Azur, nous découvrions ensemble ici le bon en avant monumental opéré par Peugeot avec la nouvelle mouture de sa berline 508. Lancée début octobre, la Lionne s’est d’ores-et-déjà écoulée à plus de 6000 exemplaires, un succès amplement mérité qui confirme la bonne forme du constructeur au niveau européen.
Pour surfer sur cette vague du premium et ajouter une corde à son arc, Peugeot a lancé au dernier Mondial de Paris la déclinaison break de la 508, modèle que nous sommes allés découvrir au terme d’une année faste pour la firme sochalienne. Essai.
Essai vidéo : Peugeot 508 SW GT
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, 60 % des voitures vendues dans le segment des berlines sont des breaks. Impossible, donc, de ne pas proposer une déclinaison SW lorsqu’on veut toucher un maximum de clients. Alors que certains ne s’y aventurent plus (comme Alfa Romeo avec la Giulia), d’autres persistent, à commencer par les Allemands ou encore Volvo, le pionnier. Une clientèle très friande de grands breaks spacieux, puisque 40 % des ventes de breaks en Europe se font outre-Rhin.
Partant de ce postulat, Peugeot a reproduit dans le break ce qu’elle a remarquablement réussi avec la berline : partir d’une feuille blanche en s’inspirant des premiums allemands pour toucher un nouveau public, tout en apportant son savoir-faire et son design.
Avec un nouveau plumage racé et osé, un habitacle novateur, soigné et technologique, ainsi qu’un bilan routier réussi sur tous les points, la Peugeot 508 SW 2019. Son habitabilité n'est pas la meilleure mais elle se rattrape par une polyvalence redoutable sur la route et des prestations haut-de-gamme.NOTES – PEUGEOT 508 GT SW
Look - 95%
Vie à bord - 85%
Technologie - 85%
Habitabilité - 65%
Plaisir de conduite - 80%
Comportement - 90%
Prix - 75%
82%
Adieu break déménageur, place au style !
Prenez la base de la 508 berline, ajoutez-lui 40 mm sur le porte-à-faux arrière, et vous obtenez le break. Comme elle a abandonné le côté insipide de la berline traditionnelle, la 508 SW laisse au passé son côté break traditionnel, dont le design était avant tout dicté par la recherche d’habitabilité et de praticité plus que par l’envie de déchainer les foules.
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On se retrouve ici avec le cocktail stylistique réussi lancé par 508, avec une face avant somme toute semblable à la berline, au même titre que les coloris (dont notre joli Dark Blue), les jantes et d’autres détails intéressants comme les portes sans montants ou les feux noircis sur notre version GT. Le profil est bien entendu celui d’un break, avec une ligne de toit fuyante et des barres de toit joliment intégrées, alors que la partie arrière, inédite, massive, et bien installée sur la route, intègre la signature lumineuse de la 508 cru 2018.
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Pas de révolution lorsqu’on est habitué à la berline (et on va l’être vu le volume de ventes), mais je trouve le break plus élancé, plus racé, et globalement plus séduisant. Surtout dans notre déclinaison GT, bien servie par de jolies jantes de 19 pouces et des appendices sombres qui renforcent le pedigree dynamique de l’ensemble.
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La 508 SW s’inscrit ainsi parfaitement dans la nouvelle ère stylistique de Peugeot lancée par 3008 et 5008, avec une identité bien marquée et des éléments de design communs à la gamme : calandre, signature lumineuse travaillée, teintes semblables. Tout est fait pour créer une vraie famille de style Peugeot avec sa personnalité bien à elle, et c’est réussi.
À bord : stylé, mais pas le plus accueillant !
Lorsqu’on choisit d’élaborer un break, deux choix s’offrent à constructeur : le style plutôt que l’habitabilité, ou bien l’habitabilité comme dictat du style. Peugeot n’a pas voulu choisir. Ou plutôt… Peugeot a cherché à être dans les deux tableaux.
Côté style, rien à redire. Le break adopte la même ambiance intérieur que la berline, qui est d’ailleurs le point qui a le plus évolué entre la précédente génération et l’actuelle selon moi. L’ergonomie comme la qualité perçue sont de qualité, avec des matériaux flatteurs à l’œil et au toucher dans notre finition haute GT. Du bois, de l’aluminium, du cuir, le tout soigneusement assemblé et présenté dans un cocon premium et technologique.
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Une grande et belle dalle tactile de 10 pouces accompagnée de boutons piano au look superbe pilotent l’ensemble des fonctions de divertissement et de climatisation. Alors que le reste des commandes utiles au conducteur se retrouvent sur l’instrumentation numérique en position haute du désormais bien connu i-Cockpit. Rien à redire au niveau des places avant, où l’ambiance respire le cosy et le sérieux, le tout assorti de nombreux équipements de confort (sièges massants, Hi-Fi Focal, chargement smartphone par induction, etc.).
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Une fois que l’on est à l’arrière, néanmoins, on en vient à déplorer les meurtrières en guise de fenêtres et la taille imposante des fauteuils avant. On se retrouve alors engoncé dans une ambiance à faire paniquer un claustrophobe, la faute à des montants de porte bien trop hauts et à une garde au toit relativement limitée pour les plus d’1,80 m. Des points que j’avais déjà remontés dans la berline et que je pensais ne pas retrouver dans le break.
Les choix de style ont donc eu ici une incidence directe sur l’agrément aux places arrières, qui pourra franchement déranger une clientèle familiale avec des enfants. D’autant plus que la place centrale n’est que peu accueillante et que l’espace aux jambes n’est pas plus important que dans la berline. Un break quatre places plus que cinq places, donc.
Alors pourquoi proposer un break ?!
Pour le coffre, évidemment…
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Avec 530 L de chargement en configuration normale, la 508 SW se retrouve entre des premiums sportifs (Mercedes Classe C break ou Audi A4 Avant) à moins de 500 L et des déménageurs à plus de 600 L, tout en proposant un style préservé et sexy, loins des breaks utilitaires carrés. Une fois la banquette 2/3-1/3 rabattue, le break français affiche un volume de 1780 L et la possibilité d’embarquer des objets allant jusqu’à 1,90 m, soit 25 mm de plus que la berline.
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Le seuil de chargement est lui idéalement bas et le hayon s’ouvre électriquement depuis la clé, une touche sur le tableau de bord, ou en passant le pied sous la malle. Le 508 SW ravira donc les clients soucieux de pouvoir caler leurs clubs de golf, leurs vélos ou leurs bagages, sans forcément avoir à greffer un coffre de toit ou une remorque à leur joli break.
Sur la route : merci Peugeot !
Reprenant la même plate-forme et disposant du même empattement que la berline, le break hérite de tous les compliments qu’on avait pu lui faire il y a quelques mois sur les routes de l’arrière-pays niçois.
La position de conduite demande un certain nombre d’ajustements avant que l’on se sente bien installé et que le petit volant ne vienne plus gêner la visibilité de l’instrumentation. Une fois trouvée, on savoure alors cette assise basse et ce volant de karting vous tombant dans les mains, on oublie vite avoir un break familial et le gabarit général de la 508 SW. Son comportement prévenant et sain, tout en étant agile et efficace, la rend homogène et polyvalente. Une qualité redoutable pour une version GT, qui se targue de pouvoir répondre à tous les types de conduite.
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Le châssis équilibré, la suspension pilotée habilement calibrée, et le train avant à la précision jouissive confèrent à la Lionne une place immédiate sur le podium des breaks les plus plaisants à mener, et ce à tous les rythmes. Que ce soit en mode sport dans les lacets ou en bord de mer en mode confort, on apprécie le confort ferme mais pas dégradé de la 508 et le feeling de direction communicatif. Ce toucher de route à la Peugeot, je valide.
Côté moteur, nous avions ici à l’essai le 1.6 PureTech 225, le moteur essence le plus puissant de la gamme à ce jour avec des chiffres honorables sur le papier. Un moteur suffisant et convaincant au quotidien, mais assez quelconque à mener, sentant qu’en l’absence du turbo, ses quatre cylindres n’auraient pas grand chose à cracher. Aucun son caractéristique pour affirmer le côté sportif du logo GT, et un couple qui s’épuise très vite, rendant l’intervention de la boite EAT 8 quasi systématique dès lors qu’on a besoin de gouache.
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En conduite dynamique, cette dernière n’est pas la plus rapide qui soit, pas vraiment aidée par des palettes fixes bien trop petites pour qu’on se plaise à les utiliser dans le sinueux. Cette boite propose toutefois des passages de rapports coulés en situation normale et conviendra très bien à l’usage principal de cette voiture : enquiller les kilomètres sans que l’on s’en aperçoive.
Car c’est avant tout pour ça que la 508 SW doit être bonne : enchainer les bornes d’autoroute et de nationale. Armée d’aides à la conduite poussées (régulateur de vitesse adaptatif, maintien actif dans la voie, feux de route automatiques, vision nocturne), elle sera l’amie des gros rouleurs, clientèle n°1 de ce segment. Pas de conduite vraiment autonome, mais de précieux assistants comme le freinage et le redémarrage automatique dans les bouchons.
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Côté consommations, le 1.6 PureTech est relativement sobre en affichant un score moyen de 8,0 L / 100 km en conduite mixte. Avantage, il ne souffre que d’un malus léger de 140 €.
Une gamme complète pour couvrir tous les besoins
Au même titre que la berline, le break couvrira plusieurs tableaux. Que ce soit au niveau des finitions/tarifs ou des moteurs, l’offre est déjà bien fournie et permet de jouer à la table des breaks familiaux généralistes en version Allure, mais aussi d’une demande plus haut-de-gamme en version GT.
B2B oblige, trois diesel (130 ch, 160 ch, 180 ch) et deux essence (180 ch et 225 ch) sont aujourd’hui au catalogue. Plus de 60 % des ventes devraient par ailleurs toujours être assurées par le mazout. Une déclinaison hybride-rechargeable de 225 ch rejoindra l’offre à l’automne 2019, avec une autonomie annoncée de 50 km en tout-électrique.
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Côté tarifs, ils augmentent en parallèle de la hausse en prestations : de 33 000 € à 52 000 € hors-options pour notre modèle essayé. À moteurs et équipements équivalents, la française reste néanmoins 5000 € moins chère que ses rivales germaniques. Un fossé qui pourra néanmoins se creuser à la revente où la française devrait toujours subir une décote plus importante.
Peugeot atteint ainsi des caps tarifaires rarement franchis par le premium français, mais le succès du 3008 dans ses finitions les plus hautes montre qu’il reste une place aux côtés du trio allemand pour quelque chose de plus exotique.
Bilan : une démonstration de style et un modèle sur la route, mais à quel prix ?
Si la berline vous avait tapé dans l’œil, le break vous séduira. Le parti-prix stylistique de Peugeot avec la 508 est osé mais habilement réussi, que ce soit à l’extérieur ou dans l’habitacle. La partie routière, grande spécialité de la maison, est elle heureusement préservée et promise à un bel avenir avec l’arrivée de la version hybride.
Le break 508 joue toutefois un jeu assez dangereux. Entre 45 000 et 50 000 €, les familles choisiront sûrement un 3008/5008, aux technologies semblables, mais surtout bien plus accueillant et plus agréable avec un espace à bord accru et une sensation d’espace plus importante. Quelle est la plus-value du break à une époque où les SUV règnent en maitres ?
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Le style plus dynamique et le plaisir de conduite accru sont à eux seuls des arguments capables de faire cogiter une certaine tranche de clients, mais qui ne toucheront pas une majorité d’autres dont les aspects pratiques et la position de haute resteront des arguments incontournables. Moins pratique et moins accueillant pour les familles à moins de prendre une Passat ou une Volvo V90, le break se meurt (malheureusement) à petit feu, même si de belles produits comme cette 508 SW mérite le détour.
La 508 SW est en soit une réussite, qui fait payer cher ses prestations mais qui offre un vrai renouveau dans un segment mené tambours battants par Mercedes, Audi, BMW et VW. Une fois encore, le Lion sort les griffes et démontre qu’avec ce nouveau visage, le premium n’est plus qu’à une bouchée pour le constructeur français…
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J’ai aimé
- Design audacieux et réussi.
- Ambiance intérieure cosy et premium.
- Technologie embarquée et équipements.
- Coffre spacieux et accessible.
- Agilité et comportement routier.
J’ai moins aimé
- Habitabilité arrière.
- Moteur sans caractère.
- Boite EAT 8 peu convaincante en conduite sportive.
- Tarifs salés.
Peugeot 508 SW GT en chiffres
Moteur : 4 cyl. Essence turbo 225 ch
Couple : 300 Nm
Vitesse max. : 246 km/h
Accélération (0-100) : 7,4 sec.
Transmission : boite automatique EAT 8
Consommation mixte : 5,7 L / 100 km (annoncée), 7,5 L / 100 km (mesurée)
Réservoir : 55 L
Poids : 1505 kg
Dimensions (L, l, H) : 4,79 m ; 1,85 m ; 1,42 m
Coffre : 530 L > 1780 L.
Tarifs : env. 53 000 € (gamme à partir de 32 300 €).
Malus : 140 € (130 g de CO2).